Le 22 Janvier 2019 fut un jour intense dans le monde la nutrition :
La Mise à jour des recommandations nutritionnelles françaises le 22 janvier et la sortie du nouveau Guide alimentaire Canadien.
Quand j’ai rencontré Karine Gravel pour la première fois en France, au congrès des 20 ans du gros , nous avions toutes les deux la croyance que l’alimentation intuitive était plus développée dans chacun des pays !
Alors, est ce que l’herbe est plus verte ailleurs ?
Un peu d’histoire
En France, le ministère de la santé lance en 2001 le Programme national nutrition santé (PNNS) qui est un plan de santé publique visant à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition. On lui doit notamment les slogans « 5 fruits et légumes par jour » ainsi que le bandeau « éviter de manger trop gras, trop salé, trop sucré » sur les publicités des gâteaux industriels par exemple. Il est reconduit en 2006, 2011 pour enfin aboutir au PNNS 4 en 2019.
Au Canada, le premier guide alimentaire, connu sous le titre Règles alimentaires officielles au Canada, a été présenté au public en juillet 1942. Ce guide visait à prévenir les carences nutritionnelles et à améliorer la santé de la population canadienne, malgré le rationnement des vivres en temps de guerre. Depuis lors, le guide alimentaire a subi de nombreuses métamorphoses. Le dernier guide datait de 2007, ce nouveau guide était donc attendu par les professionnels de santé canadiens !
A quoi servent les recommandations ?
En France, la santé publique insiste sur des messages simples*[1] pour encourager le changement d’habitudes : aider les personnes à faire les meilleurs choix alimentaires et à adopter un mode de vie plus actif. Elles peuvent servir de références pour les établissements de standards nutritionnels (scolaires, soin, aide alimentaire, etc…) et sont susceptibles d’avoir des répercussions sur la consommation des Français en les informant.
Le Guide alimentaire canadien aide à choisir des aliments qui : améliorent la santé, répondent aux besoins en nutriments, réduisent le risque de maladies chroniques (à long terme) liées à la nutrition.
L’objectif est de renforcer les recommandations favorisant une saine alimentation, de communiquer les recommandations de façon à mieux répondre aux besoins des différents utilisateurs, comme : le grand public;les responsables des politiques;les professionnels de la santé.
Ce nouveau guide est élaboré avec une série d’outils et de ressources pour aider les gens à comprendre et à appliquer les recommandations alimentaires dans leur vie quotidienne (publication courant 2019).
Les recommandations en bref
Qualité nutritionnelle
Pendant qu’on France, on passe de 8 à 12 groupes d’aliments, le Canada revoit toute sa catégorisation et choisit de regrouper les groupes d’aliments en fonction de la teneur en nutriments : légumes et fruits, aliments protéinés et aliments à grains entiers.
Quantités
Fini la notion de quantités au Canada mais des notions de portions tel que l’affiche le présente : ½ de légumes et fruits, ¼ de produits protéinés et ¼ d’aliments à grains entiers.
L'infographie française apporte de la flexibilité grâce à un vocabulaire adapté:
« augmenter », « aller vers » et « réduire ».
On retrouve des repères de fréquences et de consommation maximale en France pendant que nos compatriotes expose les notions d'alimentation intuitive: écouter ses sensations de faim, de satiété, le plaisir, la convivialité, le respect des traditions culinaire pour développer la curiosité alimentaire et favoriser la variété alimentaire.
L’environnement
Les deux guides évoquent l’environnement pour la première fois.
Privilégier le végétal pour le Canada, et en France l’alimentation de saison, locale et de préférence bio.
Le comportement alimentaire
En France, nous avons à la 14e page, quelques phrases faisant référence au comportement alimentaire
« Prendre plaisir à manger : privilégiez la variété, prendre le temps de manger et de déguster, Privilégier le fait maison, et faire attention à la quantités et aux portions consommées ».
Difficile d'en tirer des outils pratiques tant pour le grand public que pour les professionnels de santé.
Sera retenu les messages diététisants qui risque de maintenir la restriction cognitive.
Le guide alimentaire Canadien lui repose essentiellement sur le comportement alimentaire :
« Une alimentation saine, c’est bien plus que les aliments que vous consommez. Cela concerne tant la manière dont vous mangez, l’endroit et le moment où vous mangez, que la raison pour laquelle vous mangez. »
C’est là, écrit noir sur blanc ! Le comment est aussi important que le quoi !
Il est donc préconisé la prise de conscience des habitudes alimentaires : le contexte, l'assiette, et les sensations corporelles pour apporter des changements à son alimentation positifs.
Le guide recommande de se reconnecter à l ’expérience de manger pour une prise de conscience des sensations physiques, pensées, emotions et comportements en utilisant les sens, le plaisir et le partage.
En bref, le Canada intègre les principes de l’alimentation intuitive avec l’écoute des sensations alimentaires, en intégrant le plaisir et la dégustation en pleine conscience comme clé de l’équilibre alimentaire.
CONCLUSION
Le guide alimentaire Canadien repose sur les principes de l'alimentation intuitive et en pleine conscience.
Ce référentiel valide la prise en charge nutritionnelle selon les thérapies cognitives et comportementales (TCC).
Pendant que la France propose de FAIRE attention, le Canada intègre l’échec de FAIRE Attention et conseil de PORTER attention à son alimentation.
JE SUIS Canada, et j'attends impatiemment le PNNS 5!
Je remercie Karine Gravel, docteure en nutrition au Canada, pour son aide précieuse à la rédaction de ce billet.
Sources
1. Santé publique France, dossier pédagogique : recommandations sur l’alimentation, l’activité physique et la sédentarité pour les adultes. Janvier 2019
2. PNNS 2017-2021 Haut Conseil de la santé publique : pour une politique nationale en France. Septembre 2017
3. Santé Canada. Bureau de la politique et de la promotion de la nutrition. Le nouveau guide alimentaire. Janvier 2019.
Mots clés : guide alimentaire- référentiels- alimentation- nutrition- comportement alimentaire- alimentation intuitive- pleine conscience
[1] Basé sur des données scientifiques par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Plusieurs paramètres sont pris en compte : les références nutritionnelles pour la population (RNP), la bio disponibilité des nutriments, les liens entre consommation de divers groupes d’aliments et risque de maladies chroniques, les habitudes alimentaires de la population française et le risque lié aux contaminants alimentaires. Le haut conseil de la santé publique (HCSP) a ensuite précisé les travaux de l’ANSES, en tenant compte du contexte global de santé publique, afin d’assurer l’intérêt de ces recommandations pour toute la population adulte.
Merci Muriel pour votre témoignage. Je vous remercie de rappeler à quel point la culture française autour de la gastronomie est précieuse et favorise des meilleurs comportements alimentaires: le plaisir du goût.
Dans ce billet, je présente les recommandations alimentaires récentes et présente comment le canada a axé les conseils nutritionnels sur la cuisine et le goût, et vu ce que vous en détaillé, ils en ont bien besoin !
La nutrition est un soin, et il me semble important d'observer ce qu'il se passe ailleurs comme proposition de soin...et pourquoi pas pouvoir puiser le bon (et laisser le reste!) chez nos confrères dans les pays nordiques, mais aussi au Canada !
Bonjour,
Je me permets de reagir sur votre billet “Alimentation intuitive et en pleine conscience France vs Canada” car je suis une Francaise qui a vecu 9 ans au Canada. J’estime donc etre tres bien placee pour vous donner mon ressenti : j’ai un regard TRES severe face a l’hygiene de vie Canadienne pour ne pas dire Nord-Americaine concernant l’alimentation.
Je ne remets pas en cause les conseils alimentaires que les Canadiens preconisent. La toute premiere dieteticienne que j’ai rencontree etait Canadienne et etait une personne tres competente. Elle m’a appris beaucoup de choses a commencer par lire et interpreter les etiquettes des aliments. Mais il y a un gros probleme societal.
J’ai pris pres de 45 kgs durant mes…